ERRANCES PROFANES Tome 2 VÉRITÉS Extraits

Marc GICQUIAUD                                                  Françoise GICQUIAUD  

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ERRANCES PROFANES Tome 2
VÉRITÉS

Dépôt légal  4ème Trimestre  2005 ISBN : 2-9511299-8-X

244 pages 18 € + 4 €  de port

Envoi groupé des trois volumes : 30 € + 4 € de port

 

 

Elle désire revenir à sa Cité, mais le chemin sera long et hasardeux. Elle traverse une zone de non vie, et trouvera un sentiment partagé jusqu’au sacrifice  chez les mutants. (MUTANT).

Alors la guette l'épreuve de la vanité. Adorée, déifiée, elle devient l'égérie de marins voyageurs. (ADULÉE).

Après sa fuite elle découvre l'élémentaire simplicité auprès d'un sage. Vivre simplement en profitant de tout ce que lui offre la nature sur le rivage où elle s’interroge sur le pourquoi. (LE BOUNOUME).

Elle est maintenant prête, et seule, sur la plage, vivant d'une mer nourricière indifférente. Elle est visitée en rêve par d'importantes suggestions qui l'amènent à la réflexion. (L'APPEL).

Enfin elle retrouve sa Cité dont le gouvernement a profondément changé. Elle n’est pas conforme à cet ordre nouveau, elle parle. (CITÉ).

Pour le régime d'absolu pouvoir, elle présente un danger de propagation de pensées subversives. Elle est jugée, trahie, condamnée. (EXILÉE)

Exilée, en solitude mais dans la paix de l’âme calmée d’aventures, elle pense, ses questions restent sans réponse. Elle découvre la foi ! ‘(DÉBATS)

 

EXTRAITS

P 245

 

CHAPITRE 9 Mutant

p 245

LE DÉSERT DE VERRE

 

Rentrait–elle chez elle ou bien entraînée par une force mystérieuse allait elle continuer sa quête ?

 

Un sage ermite lui avait dit : "ce sera très dur, il vous faudra traverser le pays dévasté : les terres de l'holocauste"...

 

Pour le moment elle dévalait les pentes abruptes. Au loin, tout là haut, trois silhouettes minuscules lui envoyaient avec de grands gestes les derniers signes de l'amitié.

En face, une immensité nue, un miroir plat, étincelant. Quelle différence avec l'autre versant, riant, verdoyant, quitté dans sa fuite à la poursuite de Jérémie. Sans s'en rendre compte, dans la cité souterraine ils avaient traversé le massif dans toute son épaisseur. De ce côté, non protégé par le relief, le cataclysme avait sévi, terrible, destructeur. Le néant s'étalait à perte de vue.

Maintenant, les pas devaient s'assurer à chaque enjambée sur la surface lisse et glissante : une patinoire à l'infini, illimitée dans une brillance de glace. Pas de vie, même pas le cri d'un oiseau égaré dans le ciel. Un horizon clair, sans vapeur, sans nuages, le bleu délavé d'une coloration passée à l'éclat d'un soleil trop fort. Déjà, en cette fin de matinée de printemps, la chaleur réverbérée par le sol vitrifié devenait pénible. A l'approche de midi, une pause serait la bienvenue, mais où ? La monotonie du vide autour d'elle, un nivelé ras, uniforme, pas le moindre support où s'appuyer, se poser, se reposer, pas de siège, pas de rebord, partout l'aridité d'un désert sec et stérile. Autant continuer à marcher, progresser le plus possible pour repousser les limites, et, au-delà de l'espace, atteindre l'autre dimension de ce monde irréel.

Avancer devenait de plus en plus difficile, la précaution nécessaire durcissait les muscles sans cesse en alerte, raidis, contractés, des cordes tendues sous une membrane rêche, un parchemin prêt à craquer au moindre porte-à-faux, au moindre écart. La sueur elle-même s'évaporait avant d'avoir pu jouer son rôle bienfaisant. Une sensation de cuisson, l'impression d'un corps cousu dans un tissu trop petit qui rétrécit. Vrai ou faux ? Elle avait l'impression d'une senteur désagréable, un goût amer dans sa bouche pâteuse où la langue se collait à un palais d'acier.

Pour oublier sa peine, elle réfléchissait aux paroles de l'ermite. Était-ce vrai ? Il n y avait rien d'autre de sûr en dehors d'elle-même ? Une forme finie, limitée, avec tout scellé à l'intérieur ? Les autres, le monde, existaient-ils autrement ? Une illusion, un rêve éveillé pas tellement différent finalement de ceux créés par les diffuseurs des Docteurs ? Là, tout de suite, elle sentait la fatigue, elle crevait d'épuisement, se desséchait en grillant à petit feu dans cette fournaise. Toute sa volonté était bandée vers un but : s'en sortir, atteindre son objectif, gagner. Un défi lancé pour triompher, se prouver son courage, l'emporter. Y avait-il vraiment autre chose ? Qu'importaient après tout, philosophies, religions, croyances à une humanité plus préoccupée de jouissances, d'égoïsmes, préférant son bien être immédiat, à un idéal lointain et problématique. Avait-elle vraiment besoin de chercher, de s'échiner, dans une quête hasardeuse, quand confort, sécurité, l'attendaient chez elle. Pourquoi cette soif d'absolu et pour qui ? Pour personne, pour elle, pour étancher une envie de savoir, de comprendre, pour posséder ! Oui, ses souffrances n'avaient d'autre justification : un besoin de succès, de réussite, un désir de puissance, un immense orgueil. Était-elle en conformité avec le message ? Pas de Rédemption, mais la clairvoyance, la sagesse par le sacrifice de soi-même, des ambitions, gloire, triomphes, au profit d'une acceptation sans révolte de ses propres insuffisances, sans dégoût ni mépris des faiblesses de l'autre. Plus de sédition, d'anarchie belliqueuse, le sujet se détruit lui-même en se rebellant, mais l'adaptation aux circonstances inévitables, à l'environnement de fait, à la situation immédiate, l'adaptation mais non pas la soumission ! Un moyen de composer avec le présent, le milieu, pour, en ayant sauvegardé ainsi sa liberté, le modifier sans heurt, par, petites retouches progressivement, de l'intérieur. Une influence à mériter par la maîtrise, surpasser ses émotions, ses impulsions ou savoir les utiliser au bon moment, à bon escient comme un outil, pour l'impact, l'effet recherché : l'indépendance dans la compréhension, la volonté menée avec intelligence.

 

Mécanique tendue par l'effort, remontée par l'énergie de son élan, exténuée, pitoyable piéton se traînant, misérable, elle se déplaçait mètre après mètre, minute après minute, lentement, avec persévérance. Son esprit accablé divaguait, elle délirait la parole de l'ascète, ruminait, soupesait, brodait autour du verbe, calmant son angoisse, son attente, par des extrapolations, des suppositions, dépassant sans doute la pensée du Maître. Elle devait découvrir la réalité des réalités, elle seule pourrait lui expliquer, lui révéler la vérité, et la mettre à sa portée.

 

Tout droit, clopinant, acharnée à poursuivre son chemin, elle n'était plus dans l'infini de cette nappe vitreuse qu'un point mobile, un accident inattendu sur l'étendue désolée. Une petite ombre s'allongeait sur l'aire plane et luisante, sans bornes, sans saillie, sans trou ni bosse. Un univers sans mouvement, sans rien d'autre que la matière pétrifiée et lisse. Le regard trouble ne voyait plus. La lumière réfléchie lui brûlait les yeux. Le sifflement de ses oreilles battantes dominait maintenant le bourdonnement du sang bouillonnant. Elle avait à la lèvre supérieure de petites secousses, un rictus découvrait ses dents serrées prêtes à grincer. Ses vêtements collés à sa peau tannée, rigides d'humeurs absorbées, enserraient ses membres engourdis d'un étau râpeux lui raclant l'épiderme à chaque oscillation. Une machine, un automate aux sens déréglés, au cerveau gourd dérapant pied à pied avec un relent de cendre.

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p 260

SOINS

 

Le chant s'élevait, profond, harmonieux dans ses sonorités graves et sourdes, avec, par épisodes, des accès gutturaux. Des vibrances étourdissantes percutaient le tympan en chocs répétés, avant de retomber en notes plus molles Des éclatements retentissants, des bruits savamment orchestrés meublaient l'espace d'accords, de cadences, passant de résonances surprenantes à des rythmes plus doux. De la gorge, animée d'un souffle formidable, les cris modulés devenaient cantique. Une musique étrange s'emparait du corps, de l'âme et prenait possession de l'être tout entier. Quelque chose la cherchait, une idée, une impression de contact, de flux insinuant essayait de se glisser en elle.

Gémissante, douloureuse, elle était là pantelante, gonflée, irritée de toute sa peau, de tout son être. Le monstre l'avait empoisonnée de ses jets de venin : elle était dans son ensemble recouverte de pustules, de boutons violacés tendus d'un liquide trouble, prêt à suinter à la moindre excoriation ou au moindre frottement. Sur une couche douce, ressemblant à un nid soyeux, le moindre contact, le moindre attouchement, lui était insupportable. Par crise, en spasmes, elle se tordait en de vains efforts de vomissement. L'estomac révulsé, le ventre noué, elle avait l'impression, dans ses inutiles tentatives pour évacuer un intestin vide, de se retourner complètement comme une chaussette, de l'intérieur vers l'extérieur. Et ça la grattait, une démangeaison, une brûlure, une irritation intolérable. Enflure, nausées, prurit, coliques, ce n'était plus qu'une masse souffrante, haletante, qui pleurait.

 

La bête était là et veillait... L'apparition blanche était arrivée à temps. De son arme terrible, elle avait chassé l'agresseur, mais trop tard, le mal était fait : le bain dans le jus toxique émis par l'ennemi.

Un mutant, une espèce d'animal intelligent, doué de pouvoirs. Une boule de poils touffus, luisants, d'une blancheur extraordinaire. Chez lui tout était pâle, même les yeux, décolorés dans un visage au fin profil noyé dans la toison.

La pression devenait plus forte et progressivement elle cédait à la sollicitation persistante. Une invasion brutale, tous ses sens maintenant échappaient à son contrôle. Évanouie la maladie, envolées les peines, elle se laissait gouverner vers une douce euphorie, un bien-être physique précédant le repos. La pensée insistante s'imposait, l'image d'une sécurité, d'une vigilance à son service, une sympathie rassurante, une protection sûre.

Les vagues de la mélodie bizarre la pénétraient. Il s'établissait en elle un équilibre, un concert d'impulsions modulées, tout un univers de sons, de couleurs, de parfums, enveloppé de moelleux contacts. Un frisson d'émotions tendres dans l'enchantement du bonheur retrouvé.

 

Satisfait, l'albinos, d'inflexions en tonalités, baissait l'intensité de sa symphonie. Il maintenait simplement une légère étreinte mentale. Un frissonnement de satisfaction secouait en ondes élégantes sa fourrure immaculée. Sur ses lèvres desséchées par la fatigue, la langue framboisée passait comme une caresse. De sa démarche souple il s'approchait du lit. De ses petites mains grassouillettes aux doigts palmés, il arrachait de sa fourrure des poignées veloutées, délicates, dont il recouvrait Lucie, l'enfermant, emmitouflée, cachée, dans un gîte tiède, musqué, confortable.

 

La région était dangereuse, pour eux, les Velus, le risque était minimisé par leur puissance, leur supériorité dominante et la crainte qu'ils inspiraient. Mais un incident était parfois possible, ils veillaient. Cette fois-ci il était temps, il lui avait fallu mobiliser toutes ses énergies pour les troubles graves dont la femme était atteinte. Penché vers la belle endormie, il admirait. Jamais encore il n'avait vu beauté si parfaite, courbes si jolies, formes si pleines, un ensemble si bien proportionné, un élancement svelte, flexible comme une plante précieuse. Même maintenant, enlaidie, boursouflée, elle gardait un charme indéfinissable. Cette grâce le touchait, l'apitoyait, le poussait à la garder, à la défendre. Des hommes, il en voyait quelquefois, quand ils venaient commercer. Il les avait toujours trouvés laids, contrefaits, avec leurs grandes jambes sèches, leur tronc pelé qu'ils devaient recouvrir pour le cacher. Perplexe il supputait le péril. Pourquoi serait-elle différente des autres, ceux qui venaient acheter, mais espéraient les dépouiller, les voler, les tuer même ? Pourquoi ne serait-elle pas elle aussi envieuse, cruelle, méprisante. N'était-elle pas de cette race orgueilleuse et féroce, stupide dans ses prétentions ? Sa séduction n'était-elle pas un piège, un charme envoyé par les démons pour anéantir son espèce ? Songeur, il regardait cette princesse qui avait forcé ses préventions, vaincu ses préjugés et l'avait conquis par sa simple apparence

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p 279

CHAPITRE 10 Adulée

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P 284

LES NAUTES

 

Maintenant la lune s'était cachée, noyée dans le ciel uniformément gris. Elle distinguait un grand bateau, au moins vingt pas de long sur six ou huit de large. Debout sur un plancher plat balancé selon la clapot, elle voyait devant elle, dressé, un haut mât sur lequel étaient tendues des toiles actuellement repliées. L'orage ne se contentait plus de gronder. Les éclairs illuminaient par éclats brefs, embrasement brutal blessant les yeux habitués à la nuit noire.

Obligée de baisser ainsi son regard, elle découvre à ses pieds, prosternés sur le pont, un groupe d'hommes et de femmes immobiles.

 

Chaque petite communauté de survivants à la grande catastrophe s'était organisée en fonction de ce qu'elle était à ce moment là, oubliant avec le temps les connaissances inutilisées dans les activités dont l'exercice leur était permis pour subsister par l'environnement, le matériel et les équipements sauvegardés, Dans la cité on ne naviguait pas sur la, mer, et Lucie  n'avait jamais vu un tel vaisseau. Elle avait été longue à concevoir l'utilité de ces tissus tendus gonflés par le vent. La vitesse les emmenait maintenant, l'avant fendant hardiment la vague menaçante. L'arrière laissait une traînée, un sillage frangé d'écume. Stupéfiée, de surprise en réflexion, elle en avait saisi très vite le mécanisme, mais, plusieurs fois elle avait perdu l'équilibre quand les rafales couchaient l'esquif sur le côté.

Les Nautes vivaient en permanence sur cette construction flottante, hommes et femmes mêlés, sans distinction pour les tâches habituelles.

 

Elle n'avait pas compris au départ cette dévotion, cette espèce de peur, ce respect d'admiration et d'idolâtrie. Elle avait dû, elle-même terrorisée, mais impatientée de ce silence, de cette passivité muette, avancer, et retrouvant le geste éternel, étendre les bras mains largement ouvertes. Ce fût alors un chavirement, un délire de joie, une prière de gratitude. La vue dressée au ciel s'abaissait sur elle en mouvements saccadés, comme pour une consécration.

Cette peuplade aventureuse, sans patrie, sans racines, sans repaire, portée par des houles d'humeur changeante, adorait ce qui lui était infini et éternel. Au firmament, ces points lumineux étaient des yeux, à la fois guide, à la fois regard inquisiteur, repère bénéfique, protection, mais parfois aussi retrait, disparition, privation de jouissance, punition d'une faute cachée et secrète.

A l'âge adulte, chacun choisissait son astre bienfaiteur. Sur le pont, le soir, il le vénérait en silence, presque en cachette, jaloux de conserver pour lui seul cet amour sans bornes. Debout, bien en équilibre, il se tenait immobile, fixant son idole. Aveuglé d'une lumière aussi bien intérieure qu'extérieure, il sombrait dans un néant de sérénité, désincarné de ce corps oublié, aspiré, errant la haut dans les immensités bleutées de douceur bienheureuse, éperdu de félicité.

 

Une nuit ils avaient vu là-bas, sur le rivage, une forme blanche auréolée de débris, de fragments projetés de ces clartés d'en haut. Ils avaient commis le sacrilège de la prendre, de la toucher, et tout s'était retiré derrière un voile noir. Sur le pont ils avaient vu l'étoile tombée s'allumer et s'éteindre, menaçante et vengeresse, messagère d'une colère.

Son geste apportait le pardon, elle devenait la rédemptrice promise pour les guider, leur porter la parole, la Dame Blanche dont discouraient les anciens.

Dans leur croyance aveugle, ils la vénéraient, elle avait le pouvoir de laver là haut l'obscurité pour faire réapparaître les étincelles du regard. Elle pouvait obtenir l'indulgence pour leurs erreurs, leurs pensées offensantes, l'incrédulité qui parfois les effleurait. A la proue du navire elle les guidait, et le timonier inclinait son cap dans la direction du regard qu'elle portait au loin

Vestale, confidente ou prêtresse, elle apportait les vérités, calmait leurs angoisses existentielles, parlait, vrai et simple, rassurante, compatissante, tranquillisant les âmes inquiètes de ces êtres au cœur pur.

 

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p 313

 

CHAPITRE 11 le bounoume

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p 328

ROCHERS

 

Il lui avait montré, soulevant les pierres plates, à découvrir les crabes, les verts agressifs, les mous bons pour appâter, et les étrilles vives, habiles à se dissimuler dans l'eau trouble, à glisser, utilisant le moindre courant, pour disparaître. Amusée elle prenait plaisir à les poursuivre. Malhabile elle se fit pincer de tenailles pointues. Seule solution arracher la patte et attendre la décontraction permettant l'ouverture. Il lui restait une douleur aiguë et les deux traces saignantes des pointes acérées.

Vite lassée de cette chasse furtive, et curieuse des activités de son compagnon, elle le cherche, et finalement le trouve accroupi dans une faille et fourrageant la fente d'un trou profond. Voilà pourquoi il avait le soir fabriqué cet outil rudimentaire. Excédée de va et vient et de piqûres, la gueule béante apparaît, habilement harponnée d'un hameçon promptement croché. Un énorme poisson allongé, désespéré, se love, se tortille, s'accroche à l'orifice. Content de lui, satisfait d'une si belle pêche, le bonhomme jovial perd pour un instant sa tristesse blasée. Bavard, il explique et elle écoute passionnée, conquise, la leçon de l'expérience. Là ces petits escargots à peine collés au rocher et qui cueillis se protègent d'une capsule. Ici aussi, à peine visibles, tant ils font corps avec le roc, ces cônes, si fermement attachés, scellés d'une ventouse tenace.

Cet îlot débordait de richesses, de grappes de coquillages. A peine en relief sur la pierre ces valves tourmentées de creux et de bosses, de reliefs et de stries, sagement habillées de couleurs neutres, difformes aux bords coupants. C'étaient d'après lui le régal suprême, le don généreux d'une nature prodigue

Mais cette libéralité avait ses pièges. Après un glissement insidieux, faufilé dans les cavités, le flot maintenant se révèle. Il se fâche en déferlantes moussues contre cet obstacle à sa reconquête. Il est temps de partir. Déjà dans leur exploration ils se sont trop attardés. Entouré, leur refuge constitue un piège. Dans peu de temps il sera entièrement recouvert. Sortant de son ravissement, de son plaisir d'initiateur, son compère se ravise. Il faut passer.

 

Bousculés par les vagues, l'eau à mi-ventre, s'agrippant parfois l'un à l'autre pour résister au courant, ils échappent à l'encerclement. Mais même sur le sable, il faut se presser, la mer les talonne, s'enroulant d'ondes bruissantes, menaçantes comme un avertissement aux imprudents, violeurs de son intimité.

 

Entre l'impulsion et la réflexion il y a l'angoisse, mais là l'imminence avait effacé toute hésitation. Ils avaient foncé en avant avec une brutalité presque animale. Rien ne dure mais tout est définitif, tergiverser les aurait amenés à affronter les courants violents susceptibles de les entraîner, les lames de fond pour les faire trébucher. Chaque individu a un pouvoir : s'adapter, résister, mais aussi réagir. II est une seule valeur le temps, lui seul passe inexorablement quoiqu'il arrive. II ne faut pas attendre la solution des autres car souvent l'aide du voisin est en paroles, mais la conjonction de deux volontés peut décupler la force acquise. Pourtant chacun doit apporter sa part. Ceux qui ne savent pas s'utiliser eux-mêmes, et recherchent dans l'amitié l'énergie l'élan vital qui leur fait défaut, ne pourront jamais faire face en dehors du quotidien routinier. Si la vie est une succession de chutes évitées, nous sommes sur terre des morts en sursis. Mais où est l'existence dans la sécurité, la médiocrité du prévisible. Celui qui n'éprouve plus d'émotion n'est plus !

 

Cette secousse physique la faisait délirer dans des spéculations métaphysiques, Là haut la mouette, voltigeuse au ventre blanc lui désignait, durant cette marche rapide talonnée par la marée montante, son compagnon au pas sûr malgré la lourde charge de sa hotte pleine. On évalue toujours les autres à sa propre mesure. Chacun comprend le savoir-vivre en fonction de lui-même. Bien sûr, l'homme est un animal féroce : Ainsi il a survécu, mais quelle différence entre les ventres replets de sa cité et cette quête de subsistance du lendemain. Là-bas le jeu est une singerie de la réalité, elle découvrait maintenant les apprentissages concrets, loin du charme des explications claires et magistrales aussitôt oubliées même si elles ont été comprises. Cet homme est comme ces châtaignes de mer, le bon se trouve sous les piquants. il faut savoir dépouiller les apparences, le rustre contient parfois plus de vérités. Le savoir-faire serait plus utile que ce faire-savoir appris pour être enseigné. Tous ses amis, ces élèves de sa ville sans problèmes ni difficultés matérielles, avaient vu, mais ils n'avaient pas remarqué, pas observé, pas retenu. Leur culture était une infirmité face à ce monde oublié.

 

Ce sont les petites choses qui passent le plus de temps, la patience et l'habileté du vieux solitaire avaient su lui faire fabriquer les outils, les engins d'approche et de capture. Rester perdue dans sa cambuse, à la merci des intempéries, était-ce suffisant. N'y avait-il pas autre chose, un appui, une consolation parfois. Laisser l'autre dans sa solitude c'est parfois l'aimer et la confiance ça se mérite, elle vient après.

 

Ayant deviné un sage, elle modérait son impatience. Pourtant elle sentait souffler le vent dans les cavernes du cœur.

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p 357

CHAPITRE 12 L'appel

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P 368

QUESTIONS

 

À force de solitude elle se parlait toute seule à haute voix. Elle ne savait même plus, dans son état d'exaltation, si elle réfléchissait, soliloquait ou s'adressait à une présence, un confident omniprésent qui l'écoutait et la gardait. Du sommet de la plus haute dune, elle voyait au loin la ligne scintillante de l'horizon, cette immensité aujourd'hui calme, à peine mouchetée par places de la plongée verticale d'une mouette. Là-bas, du sable à perte de vue, dur et foncé au loin aux zones tout à l'heure recouvertes ; pulvérulent et presque blanc, aux espaces constamment à sec. Çà et là, l'éclat, le clin d'œil d'une surface polie, coquille ou silex, lui renvoyait complice un rayon de soleil. Et puis, derrière le moutonnement des bancs amoncelés par le vent, recouverts de leur végétation sèche et drue, quelques fleurs violettes aussi, défendues par les piquants du chardon. La grande marée avait fait le ménage, et il n'y avait presque plus en limite des hautes eaux, cette frange de varechs pourrissant en dessous desséché au-dessus et l'armée des puces de mer sautillantes, curieusement bossues, petites pattes remuantes mais très propulsives avec ces insolites et surprenantes antennes roses.

Toutes ces vies visibles et invisibles, impression de ses sens ? Illusion ou réalité ? Prisonnière dans un corps clos, elle ne pouvait rien prouver par ses seuls contacts, tactiles, visuels, auditifs, olfactifs, aucun n'était vraiment extérieur. C'était une interprétation, à travers un filtre, de quelque chose sans doute, mais quoi ? Son rêve lui revenait, et si elle était le jouet d'un mirage ? La Science ?

 

Elle avait passé sa prime jeunesse, studieuse, au Muséothèque. Là avaient été rassemblés tous les écrits, les documents retrouvés, signes des époques anciennes, antérieures à "l'événement". Elle avait étudié tout ce savoir accumulé des temps passés. Elle n'avait pas toujours compris pourquoi les ancêtres avaient mis un tel acharnement à tout expliquer. Mais elle apprenait que petit à petit l'espèce humaine avait su se préserver des fléaux, repousser les attaques de toutes sortes. Les flots avaient été canalisés par des digues, les incendies rapidement éteints. Dissiper la nuit par des éclairages, maîtriser la foudre, les volcans, les secousses de la terre et les utiliser. Éliminer la famine en produisant des aliments, chasser toutes les bêtes, d'abord les féroces, loups et lions, puis les nuisibles, sauterelles, serpents. Neutraliser les poisons, guérir les maladies, et finalement oublier la guerre par la suppression des envies satisfaites. Mais il lui manquait beaucoup d'éléments, une grande lacune. Peut-être y avait-il des livres interdits aux débutants. Que s'était-il passé après ? Repus s'étaient-ils arrêtés de chercher, ou bien avaient-ils continué de produire, de détruire. Ils s'étaient retrouvés seuls dans un monde en déséquilibre, souillé de déchets, menacé d'explosion par toutes ces puissances contenues ? Pourquoi ces traces, ces vestiges engloutis, ces zones devenues dangereuses, ces monstres revenus ? Il y avait une cassure, un passage inexpliqué dans l'enseignement reçu, de toute évidence une catastrophe, eau ou feu ? un cataclysme !

 

Homme est tu le seul maître de cette vie ? As-tu eu le pouvoir de tout créer, puis de tout anéantir ? As tu un guide ? Y avait-il des règles, un code fixant des limites à tes recherches, ou bien as-tu cédé à tes envies, tes impulsions. As-tu pu résister à la démangeaison de ton insatiable curiosité ?

 

Homme, au fur et à mesure de ta progression, as-tu pensé avoir la capacité d'atteindre l'infinie connaissance ? Unique, fier de tes résultats, ne doutant pas d'avancer toujours, tu t'es retrouvé isolé, sans égal et sans supérieur. Dans tes temps d'ignorances, tu étais heureux de croire à une existence bienveillante et protectrice. La prière te rassérénait et te consolait. Tu concevais des rites. Tu as voulu être toi aussi créateur. Tu as tué la FOI, et la foi c'était ta sauvegarde. Car malgré tes succès tu n'as pas su supprimer la détresse.

 

Elle souffrait de ne pas trouver de réponse. Comment savoir s'il y a un architecte celui qui serait le début et la fin de l'univers, d'un environnement perçu, et tel qu'il est perçu. Un père, éternel observateur, neutre, étranger à notre quotidien, se désintéressant du présent ou bien un père protecteur, attentif, vigilant, secourable. Le bonheur est-il une récompense, le malheur une punition ? Mais alors toutes ces victimes innocentes ? des maudits et des élus ?

 

Elle, la savante, elle ne pouvait trouver réponse à l'inexplicable ? Le hasard ? La chance ? Ou la providence ? Elle se sentait toute petite devant l'immensité de ce ciel bleu, devant cette masse d'eau en mouvement, devant toutes ces vies qui avaient repris leur droit, cette fourmi affairée vers son but tout simple, ce papillon égaré au-dessus des flots. Une raison à tout cela ?

Mais pourquoi après tout l'homme nierait-il un démiurge ? Si ce n'est pour lui, minuscule, prendre sa place ? Mais il ne sait pas les causes de l'évolution, la spécialisation progressive, la diversification de la matière. Il explique les effets à posteriori. N'est-il pas passé à côté de l'essentiel ? Et l'origine de tout ? Un accident de la nature ?

 

Lucie  se sentait la tête vide, elle était terrorisée. Elle avait peur, peur du vide, de l'inconnu. N'était-ce pas là le sort de l'homme, choisir de croire et de se soumettre pour retrouver le calme de l'âme, la tranquillité de l'esprit torturé d'inconnu. Bafoué, ballotté, malmené, inquiété par son besoin de justice, son rêve d'idéal, sa frayeur de l'inconnu, il avait besoin d'un refuge, et cette aspiration prouvait ses imperfections. Il n'était pas assez fort pour affronter seul le monde, et c'était ça la preuve qu'un Maître existait dans l'esprit de l'homme !

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p 383

CHAPITRE 14 exilée

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p 414

CATHÉDRALE

 

Attente. Elle était chez elle et elle n'était plus chez elle. Plus d'amis, plus de rapports avec les autres, seule dans la foule, ignorée parce que rejetée. Le choix avait été simple ou la suivre alors que tous savaient qu'elle avait été désavouée, et disait-on ridiculisée par les Prêtres et les Érudits et dans ce cas risquer aussi le même sort ou se ranger derrière le pouvoir, l'autorité de la chose jugée, et là tout était toujours possible pourvu de retourner dans la passivité. La vie continuait comme avant, mais…. sans elle !

 

Elle venait là, dans ce bâtiment, pourquoi y trouvait-elle une consolation, un refuge à sa solitude. ?

 

Vestige d'une époque dramatiquement révolue, le Temple construit de blocs de pierres taillées et enchevêtrées soutenues à l'extérieur de piliers arc-boutés en arceaux, restait majestueux malgré l'usure du temps. On devinait à certains reliefs érodés d'anciennes sculptures, des formes encore visibles. Pour les érudits, certaines figures, difformes, rampantes, effilées de queues interminables, évoquaient déjà, autrefois, la présence de mutants. La théorie des modifications génétiques dues au cataclysme s'en trouvait par-là infirmée. Devant la construction colossale, les chercheurs se posaient la question des bâtisseurs de ce gigantesque assemblement de roches exactement ajustées, de leur transport, de leur levage ? Il s'agissait là d'un effort très au-dessus des forces humaines connues. On avançait la théorie d'une race supérieure, peut-être venue d'ailleurs, de Titans, peut-être, d'une morphologie différente, certains des monstres représentés brandissaient des instruments ressemblant à des fourches, à des outils?

Ce bâtiment exerçait sur elle une fascination. Tout le froid semblait se réfugier sous les voûtes majestueuses, et elle grelottait. Écrasée par cette architecture restée à travers les temps, sauvegardée pour l'essentiel.

Parvenue à ce qui avait été sans doute un autel pour on ne savait quel sacrifice barbare, elle s'arrête. Par la baie aux vitraux pendants, un rayon de soleil fait surgir de l'ombre une représentation insolite. Quelque chose d'immense formé de deux branches réunies à la perpendiculaire sur laquelle, écartelée, le visage tourmenté, le regard perdu vers le ciel, une effigie semble vivante tant la souffrance y est exprimée. Sous l'afflux de souvenirs vécus, mais aussi éblouie d'une illumination inconnue, elle tombe à genoux, prosternée, inconsciente, emportée dans un tourbillon hors du temps, hors du monde. Sidérée de violence par l'ardeur d'une découverte, d'une ineffable pitié passionnée, d'une compassion d'elle-même et des autres, d'une vérité !

Attirée par la représentation de ce supplicié, elle revenait tous les jours, très tôt le matin pour être sûre d'être seule, et se laissait envahir d'une bienfaisante sécurité, bientôt suivie d'un élan, des battements de cœur comparable à ceux ressentis pour une passion secrète. Vraiment il y avait là un mystère, sorcellerie ou dévotion ? En tout cas cette extase après l'exaltation l'amenait à la béatitude. Elle sentait avoir toujours beaucoup à apprendre, mais elle ignorait la vraie réponse, la signification des symboles encore visibles. Seul un sentiment confus du sacré, l'encouragement muet d'une gravité nouvelle, lui donnaient l'assurance d'être sur la bonne voie.

*

* *

Elle courait et butait sur la chose : un nœud humain fait de corps enlacés, des têtes hirsutes, des membres agités de saccades, de fluctuations lentes. Tous retenus par cette excroissance hideuse. Les uns soudés par un bras, d'autres par une jambe, mais tous réunis, boule de chairs molles, reliés de membranes pendantes, visqueuses, rosées ou transparentes. Chaque visage exprimait la souffrance et la haine, les lèvres se crispaient de cris rauques, inarticulés, exhalant des puanteurs, des flatulences fades, écœurantes. Les bouches crachaient des souffles, un brouillard de germes vibrionnants, fouettant l'intrus de frôlements tièdes. Une entité faite d'une multitude d'individus tous solidaires, tous unanimes dans leur hurlement contenu.

 

Aux reflets rouges d'un brasier, un monstre se traînait sur son ventre, poussé de courtes pattes aux doigts gourds. Dans cette forme flasque seule vivait la queue remuant ses étincelles d'écailles argentées et brillantes, reflétant par moments en éclairs de sang les soubresauts de l'incendie. Elle ne se sentait pas effrayée de ces naseaux dilatés sur le vide assombri de l'être, ce sentiment d'amitié profonde, ce partage total, l'emplissait comme autrefois dans les marais. Elle saisissait un message de soumission à l'inévitable, d'acceptation des folies, des outrances, le besoin d'aimer malgré tout, de s'inscrire dans un univers démesuré. Le soi, le toi, le nous.

*

* *

Lucie  se réveillait épuisée, agitée de frissons, de tremblements, convulsée d'une contraction de tous ses muscles douloureux et meurtris.

 

Était ce possible, là, sur ce banc elle s'était endormie, et pour quels rêves !

Y avait-il une signification, pourquoi cette dualité, ces effigies affreuses et torturées en façade et la paix de l'intérieur, ce cauchemar après un sentiment de paix intérieure. L'horreur mêlée de bonté. Une dualité ? Le bien le mal ? Et pourquoi ici ? Elle ne comprenait pas. Quelque chose lui échappait, elle sentait une brèche, des évidences, mais elle ne savait pas comment franchir le pas !

*

* *

Le temps était incertain, les nuages jouaient à cache cache avec le soleil, elle devait retourner dans le bâtiment, elle s'en excusait pour vaincre ses émotions de la veille se disant qu'elle devait se mettre à l'abri des averses.

Errant autour des murs parfois salis de salpêtre, grattant, elle découvre des inscriptions, des mots de gratitude et ce quelque chose qu'elle a du mal à comprendre, des élans de foi, de prière, des supplications ?

Soudain un nouveau rayon de soleil, la luminosité revient vers cette figure tourmentée suspendue par des bras maigres. Des voix ? Ou un égarement de l'esprit dans l'illusion ?

Une illumination soudaine, cette présence impalpable s'imposait en elle, comme l'évidence brutale d'un message venu d'ailleurs, de l'incompréhensible, d'un domaine où l'homme vivant ne pouvait pénétrer, mais qui pour elle ouvrait ses portes. Révélation ?

 

Et pourquoi ce trait de lumière, cet éclairage dans la direction de ce vieux banc dans le coin là bas ?

Sous son tas de poussière qui le cache, habillé de moisissure ; Un livre ! Tout simple sous sa couverture de carton ramolli, Les pages fripées, imbibées d'humidité ne lui permettraient pas de l'ouvrir pour le moment sans d'importants dégâts, il est vieux, c'est une précieuse relique du passé qu'elle se promet d'étudier.

Mais quand elle retourne le volume elle peut déchiffrer écrit à la main en grandes lettres malhabiles :

"GLOIRE À DIEU ! "

"Pardon : mon Dieu, parfait protecteur et juge, imminente entité, tu nous as donné la vie, donne moi la force d'aimer comme toi tu m'aimes, donne-moi la sagesse. Je me soumets à toi tout puissant dans tes volontés Je ne suis qu'un pauvre pécheur égaré. J'ai mal agi mais j'ai aussi beaucoup souffert. Je pardonnerai à mes ennemis. J'avoue mes fautes, prends pitié de moi dans ta bonté, j'implore ta Clémence"

 

DIEU ? PARDON ? AMOUR ? Tout cela était nouveau pour elle. Ainsi il y avait eu autre chose, une foi démesurée, sans calcul, un don gratuit de soi même ?

La tête lui tournait, un vertige d'au-delà, Était-ce là la réponse, la vérité qu'elle recherchait ?

 

Trop tard ? On venait la chercher, le jugement, l'exil !

 

p 429

 

CHAPITRE 15 débats

 

Elle en arrivait à penser que plutôt que faire des phrases, de donner des leçons, de prophétiser de se poser des questions, l'homme devrait faire le ménage en lui-même, s'il fourrageait dans son tréfonds, il la trouverait peut-être la vérité, s'il a Dieu en lui, pour les plus paresseux ou les plus démunis, le secours d'une religion les aidera à se rendre meilleurs.

 

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p 435

 

UN PROTECTEUR

 

Création, Amour, Pardon était-ce cela vraiment qui préoccupait au premier chef l'homme ? Il n'était pas assez fort pour affronter seul le monde, faire face à son destin était-ce pour cela qu'il avait inventé cette idée d'une puissance protectrice, d'un guide universel ? Ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme mais l'homme qui a créé l'idée de Dieu. Mais si cette idée d'un DIEU existait dans son esprit n'était-ce la preuve de son existence ? Pourquoi après tout l'homme nierait-il DIEU ? Si ce n'est pour lui, minuscule, prendre sa place ?

L'homme n'est pas assez fort pour faire face à son destin et si DIEU n'existait pas il faudrait l'inventer !

Et de fait qu'est-ce qui préoccupait l'homme ? Ce n'étaient pas de grandes idées philosophiques mais de trouver la force de faire face à son quotidien, un secours dans la difficulté, une espérance devant la mort, un soulagement dans ses remords. Quelqu'un qui protège à supplier, celui qui conjure et pardonne ; un recours, celui qu'on implore, qui réglemente, et qu'on vénère, on l'appelle du seuil de la mort, l'espérance d'après ?

L'homme heureux, inconscient, se suffit à lui-même, c'est dans l'angoisse et la souffrance que les hommes inventent Dieu. C'est si bon de pouvoir supplier et remercier une puissance absolue, un dieu protecteur. Cette démission devant soi n'était-elle pas une source de bonheur, pourquoi s'en priver ? Croire ? Ce n'est pas à l'homme de créer Dieu, mais à Dieu de créer l'homme.

Il y a les rites qui conjurent, les implorations qui soulagent et il y a la foi, une étincelle ? Une délégation ? Mais même sans foi on fait appel à lui dans la nécessité, un pari ? Préservation, garantie dans le doute ou provocation ? Dieu, s'il est, devrait être bon ou c'est l'homme qui est avide de bonté pour lui, pas toujours pour les autres ?

Peu importe qui est le créateur et le maître des choses, l'idée de DIEU est nécessaire à l'homme pour son équilibre et pour sa survie !

 

Ou ce Dieu protecteur est une création de l'homme, ou, dans une infinie bonté, il continue à veiller sur ses créatures en leur offrant des fleurs et des fruits. Les saisons sont-elles les preuves de la vie ? L'espérance celle de la survie ?

 

Elle ne savait pas, elle ne savait pas ! ! !

 

© Marc GICQUIAUD

 

TABLE DES MATIÈRES

 

CHAPITRE 9 MUTANT

 

Le désert de verre                   p  2 45

Rosée                                        p 249

Grouillements                           p 253

Pièges                                       p 256

Soins                                        p 260

Le cratère                                 p 263

Troc                                         p 270

Tempête                                   p 273

 

CHAPITRE 10 ADULÈE

 

Feux follets                              p 279

Les Nautes                                p 284

Vestale                                     p 287

La cité engloutie                       p 290

Assaut                                       p 294

Les paysans                              p 297

Vengeance                                p 301

L'ange blanc                             p 304

Légende                                   p 308

 

CHAPITRE 11  BOUNOUME

Le falot                                     p 313

La cambuse                              p 315

L'arme des larmes                     p 318

Grève                                       P 322

Mécréant                                  p 325

Rochers                                    p 218

Contradictions                          p 332

Silences                                    p 336

Amertumes                               p 340

Souvenirs                                 p 345

Faiblesses                                p 348

La passagère                            p 352

 

CHAPITRE  12 L'APPEL

 

Méditations                               p357

La plage infinie                        p 361

Étrilles                                      p 364

Questions                                 p 368

 

Chapitre 13 LA CITÉ

L’ordre                                     p 373

Le tri                                         p 377

Au camp                                   p 379

 

Chapitre 14  EXILÉE

 

L »admission                             p383

Vengeance                                p 386

Machination                             p 390

Jurat                                         p 394

Interrogatoire                           p 400

Recours                                    P 410

Cathédrale                                p 414

La fête                                      p 420

L’exil                                        p 423

 

Chapitre 15 DÉBATS

 

Qui ?                                        p 429

L’homme                                  p 432

Un protecteur                           p 435

Perplexité                                 p 437

Choix                                        p 441

Sereine                                     p 449

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